Janvier 2006
Ma très chère Mamie, au moment d’écrire ces lignes je te veille et pense à toi, au regard vide que tu avais en me regardant ces derniers jours, au petit poulet que tu es devenu, au centre de ton lit. C’est maintenant devenu trop demandant de me sourire et de faire des signes de la tête pour me répondre. Je pense aussi à ces moments de mon enfance avec toi au manoir, alors que je me plaisais à peindre la brique sur ton balcon avec un simple pinceau et de l’eau ou à me balancer avec toi et tes amies à l’extérieur.
Je me souviens du réconfort que tu savais m’apporter dans les moments difficiles ainsi que des silences paisibles et complices entre nous deux.
Merci Mamie d’avoir pris soin de moi, de nous pendant toutes ces années, merci de, même sur ton lit d’hôpital, réussir à me rassurer en me disant que tu n’oublieras jamais mon amour pour toi.
Tu as fait trois belles filles et eu quatre beaux petits enfants. Je sens ton héritage à travers eux. J’entends des expressions qui t’appartiennent, je nous vois utiliser notre index en parlant, comme toi seule le faisais, ou encore faire le même petit bruit avec la bouche lors de discussion téléphonique. Je sais que moi aussi je te ressemble beaucoup et c’est probablement pour ça que je me sens si près de toi. Outre les qualités et les défauts j’ai ton calme, ta discrétion, tes bonnes dents, ton teint et tes cheveux pâles sans oublier ces grains qui font notre beauté.
J’ai longtemps tenté de résoudre l’énigme de ton départ si long, de ces alertes santés auxquelles tu ne succombais pas. Avec tes filles je crois que j’ai réussi à me l’expliquer. Tu nous as enseigné l’amour Mamie, obligé et appris à être ensemble, en relation et je t’en remercie, d’où que tu sois j’espère que tu continueras à être témoin de notre évolution.
Cet automne Mamie je dois avouer avec honte que par moment je t’ai oublié, j’ai oublié à mon tour d’aller prendre soin de toi et ça me désole. Mais malgré que j’aie été prise par le tourbillon de ma vie, pendant ce temps je suivais ta trace sans m’en rendre compte. J’ai appris à tricoter, toi que j’ai tant vu faire dans mon enfance et j’ai redécouvert la beauté et la fascination que j’avais pour les boutons à quatre trous. Tu te rappelle j’adorais jouer dans ta boite à boutons dont j’ai d’ailleurs hérité. Cette année le tricot et les boutons furent la base des cadeaux de Noël que j’ai offert. Inconsciemment j’étais avec toi, tu étais dans mes gestes et mes pensées.
Je t’aime Mamie, merci d’être passé dans ma vie et d’avoir choisi ma présence pour ton départ, je te souhaite un beau voyage avec ta valise remplie de 90 années d’expérience, d’amour, de bonheur, de paix.
J’espère que tu es bien et en paix au paradis des Mamies, prends une bonne bouffé d’air pur pour nous, salues tous ceux qui y sont et qu’on aime.
Je remercie en ton nom tous ceux qui ont veillé sur toi, ainsi que tous ceux qui ont prié pour toi et pour nous.
Récemment, lorsque je t’ai dis n’oublie pas que je t’aime tu m’as répondu : « je n’oublie jamais », ce sont les derniers mots que tu as eu la force de me dire. Moi non plus je n’oublierai jamais, je t’aime ma belle Mamie, repose en paix dans nos cœurs et nos mémoires.
V.
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